Avec ses 177 kilomètres, la rivière Yamaska est un courant d’eau des plus pollués au Québec. Des scrupules à manger du poisson de cette rivière? Peut-être que non. En tous les cas, certains n’en ont pas. Comme mon cousin Alex. C’est en m’intéressant de plus près au sujet qui me fascine dorénavant, la Yamaska, que je découvre également la grande passion de mon cousin pour la pêche.
Alex s’adonne à son sport favori été comme hiver. Et lorsque je lui demande s’il consomme le poisson qu’il pêche dans la Yamaska, il s’exclame avec fierté:
-J’en mange très souvent et je n’ai jamais été malade!
À la brunante, après ma journée de travail, mon cousin et moi, nous nous donnons rendez-vous près de la vieille meunerie Agiska de la rue St-Pierre.
Le printemps approche, il fait environ 3 degrés Celcius. Nous descendons sur la rivière avec tout l’équipement que mon cousin transporte dans sa luge. Après avoir creusé des trous dans la glace avec son vilebrequin tarière (un instrument très coupant qu’il a utilisé des milliers de fois pour pêcher l’hiver), il peut mesurer la couche de la glace à l’aide de sa cuillère géante.
Maintenant nous savons que nous sommes sur une surface de 50 cm d’épaisseur. Alex m’explique que pour se promener à pieds, une épaisseur de 10 cm est suffisante. Pour circuler en VTT? 15 cm est convenable. Et pour l’automobile, pourvu qu’il y ait 30 cm.
-On défoncera pas la glace aujourd’hui! me lance-t-il.
À travers un des trous, mon cousin immerge ensuite dans l’eau turpide, un système servant à repérer les poissons. Cet appareil, que l’on nomme un sonore, est très sophistiqué et peut aussi mesurer la profondeur de la rivière.
À l’endroit où nous nous trouvons, nous somme précisément au dessus de 6,5 mètres d’eau.
Alex a étudié la Géographie et il travaille dans le domaine de l’inspection agro-alimentaire. Il connaît par coeur toutes les espèces de poissons que l’on retrouve dans la Yamaska et se fait une joie de me les énumérer: la perchaude, le doré jaune, la barbotte brune, la carpe commune, le grand brochet, le maskinongé, l’achigan, la petite bouche et la barbue de rivière.
Selon la chaîne alimentaire, c’est-à-dire en se basant sur le fait que le vertébré aquatique est un grand prédateur ou non, on peut planifier notre consommation de celui-ci en conséquence. Par exemple, la perchaude n’est pas une prédatrice redoutable, elle contient donc peu de mercure, Alex en mange une fois par semaine. Par ailleurs, il faudrait faire attention au doré jaune qui ne devrait être mangé qu’une seule fois par mois.
La rivière Yamaska est polluée, certes, mais le mercure n’en est pas la cause comme en ce qui a trait aux rivières du nord du Québec qui furent déviées avec la construction de barrages hydro-électriques et dont la décomposition du bois a engendré ce fléau écologique. Non, la rivière Yamaska est corrompu par le phosphore d’origine agricole.*
Après avoir “trôlé” pendant environ une heure, nous sommes forcés d’admettre que nous repartirons bredouilles ce soir. Mais cela nous a donné une bonne occasion de reprendre contact, mon cousin et moi, et cette pêche ensemble, n’est sans doute pas la dernière!
Un autre rendez-vous nous attend sur la Yamaska après la fonte des glaces! À bord de mon canot, ce sera d’autant plus amusant!
*une thématique que nous aborderons lors d’un prochain billet à l’intérieur de ce blogue